Panier Chercher
Financer et acheter
Droit
Bâtir et rénover
Prémunir et assurer
Habitat
Jardin et balcon
Protection contre l’effraction à la maison

« Les stores à lamelles ou autres volets roulants en vente dans le commerce ne constituent pas une protection efficace contre les effractions »

Les experts en sécurité de la police cantonale bernoise s'expriment sur les cambriolages à la tombée de la nuit, les solutions Smart Home dédiées à la prévention contre les effractions, les critères des cambrioleurs dans le choix de leurs cibles et les raisons du peu de considération donné par les constructeurs à la protection contre les effractions. Lisez à ce sujet l'interview d'infomaison.

Bruno Lüthi et Markus Friedli
Bruno Lüthi et Markus Friedli du service conseil en sécurité de la police cantonale bernoise.

infomaison : En automne, les conseils concernant la protection contre les cambriolages à la tombée de la nuit se multiplient. Est-il exact qu'il y a une recrudescence des effractions en automne et en hiver ?

Expert : Les cambriolages se produisent tout au long de l'année. Durant les mois d'hiver, on constate cependant un accroissement des cambriolages à la tombée de la nuit, avec toutefois de fortes variations régionales. Si les cambriolages sont perpétrés lorsque le jour décline, c'est dû au fait que personne n'est encore à la maison en début de soirée et qu'aucune lumière ne brûle à l'intérieur.

infomaison : Que peut-on faire pour s'en protéger ?

Expert : Pour assurer la protection contre les effractions, il est recommandé d'associer les éléments de construction anti-effraction d'ordre mécanique, tels que fenêtres, portes ou volets roulants, avec des dispositifs de sécurité électroniques tels que des installations de détection d'effraction. La simulation d'une présence peut, à titre de prévention, constituer une mesure d'appoint. Contrairement à une idée répandue, les stores à lamelles ou volets roulants en vente dans le commerce ne constituent pas une protection efficace contre les effractions.

infomaison : Que pensez-vous des solutions Smart Home pour prévenir les effractions ?

Expert : Elles sont une solution dans la mesure où elles couvrent globalement le besoin personnel de sécurité, ou en tant que mesure complémentaire pour assurer un surplus de sécurité. Les solutions Smart Home ne sont pas comparables à une installation de détection d'effraction certifiée VDS (Association des assureurs incendie, accidents et risques divers) et/ou SES (Association Suisse des Constructeurs de Sécurité). Il faut aussi garder à l'esprit que tous ces systèmes n'offrent pas de sécurité absolue et que l'on ne peut écarter les risques résiduels.

infomaison : Existe-t-il des immeubles plus exposés que d'autres à des effractions ? Ou, pour l'exprimer autrement, quels sont les critères des cambrioleurs dans leur choix ?

Expert : De manière générale, un cambriolage peut survenir à tout moment et en tout lieu. Pour assurer leurs arrières en cas de fuite, les cambrioleurs ont une prédilection pour les immeubles à proximité des accès autoroutiers. Les maisons aux portes et fenêtres obsolètes sont des proies faciles. Quant aux haies très hautes, elles sont idéales pour demeurer à l'abri des regards.

infomaison : Qu'en est-il des villas tape-à-l'œil ? Ne sont-elles pas une « cible privilégiée » pour les cambrioleurs ?

Expert : L'étalage de la richesse offre certes des perspectives alléchantes à un cambrioleur en termes d'objets de valeur et d'argent liquide. Ce type d'habitation recèle cependant des dispositifs de sécurité qui, pour nombre de cambrioleurs, sont très dissuasifs.

infomaison : Est-on mieux protégé dans un immeuble plurifamilial que dans une maison individuelle isolée ?

Expert : Bien au contraire. Dans les maisons plurifamiliales, les cambrioleurs exploitent les avantages que procure l'anonymat. C'est pourquoi il importe, dans ce type d'habitation, d'entretenir de bons rapports de voisinage en complément aux mesures physiques dans le bâtiment. Il s'agit là d'un point essentiel dans la prévention des effractions. Lorsque les voisins sont au courant du fait qu'on est en vacances, ils peuvent donner l'alerte quand ils entendent des bruits ou des mouvements suspects. Pour passer inaperçus, les cambrioleurs s'introduisent souvent aux étages supérieurs des immeubles plurifamiliaux. Cela n'empêche pas que tous les logements sur tous les étages demeurent, en principe, exposés.

infomaison : En tant qu'expert en sécurité de la police cantonale bernoise, vous aidez les gens à se protéger contre les cambriolages. Qu'est-ce qui les incite à s'adresser à vous ?

Expert : La plupart des gens se tournent vers nous parce qu'ils ont un besoin accru de sécurité. Par exemple après avoir entendu qu'il y a eu un cambriolage dans leur voisinage. Pour beaucoup aussi, c'est le besoin de sécurité personnelle qui a changé. Cela peut être le cas après avoir subi un cambriolage. Comme autres raisons, on peut citer l'emménagement dans une nouvelle habitation ou des travaux de transformation.

infomaison : On pourrait donc dire que lorsqu'ils agissent, il est déjà trop tard ?

Expert : Dans la construction hélas, on n'accorde que rarement ou trop peu d'importance à la protection contre les effractions. Dans ce domaine, la législation ne prévoit pas la prise en compte d'éléments de construction anti-effraction. Le meilleur moment pour prévoir des mesures contre les effractions, c'est à la construction de bâtiments neufs et lors de travaux de transformation. Il serait donc souhaitable que les spécialistes en bâtiment et les architectes se penchent sur cette thématique avec les maîtres d'ouvrage avant toute décision de poser de nouvelles portes, fenêtres, etc. Les maîtres d'ouvrage sont nombreux à penser que la plupart des éléments de construction répondent automatiquement aux normes de sécurité alors que ce n'est pas le cas en général. Comme les éléments de construction anti-effraction sont générateurs de coûts, le sujet est souvent éludé. Pour changer les mentalités, l'association « Sécurité et habitat Suisse » lance de nombreuses actions.

Il n'est jamais trop tard pour agir. On peut en effet toujours rattraper les omissions commises dans les mesures constructives contre les effractions. Même s'il est plus onéreux et compliqué d'agir après coup, cette mesure n'en demeure pas moins efficace.

infomaison : Existe-t-il une protection parfaite contre les effractions aux yeux de l'expert ?

Expert : Cela dépend toujours de la situation. Les check-lists et conseils usuels sont d'une utilité certaine. Cela n'empêche pas qu'une prévention idéale contre les effractions est une notion très personnelle et qu'elle demeure tributaire de configurations et situations locales. Nos interventions de conseil se font pratiquement toujours sur place, et nous sommes très à l'écoute des besoins des personnes qui s'adressent à nous. C'est à cette condition seulement que les mesures de prévention peuvent être bien articulées entre elles.

Merci pour cet entretien. 

Bref portrait de Bruno Lüthi

Bruno Lüthi, chef du service conseil en sécurité de la police cantonale bernoise
Bruno Lüthi

Chef du service conseil en sécurité de la police cantonale bernoise

  • Risk Manager of Technical Safety CFPA-Europe
  • Certified Security Manager CFPA-Europe
  • Enseignant spécialisé de l'association Sécurité et habitat Suisse

Bref portrait de Markus Friedli

Markus Friedli, adjoint au chef du service conseil en sécurité de la police cantonale bernoise
Markus Friedli

Adjoint au chef du service conseil en sécurité de la police cantonale bernoise

  • Risk Manager of Technical Safety CFPA-Europe
  • Certified Security Manager CFPA-Europe
  • Enseignant spécialisé / expert aux examens de l'association Sécurité et habitat Suisse
  • Auteur :
  • infomaison
  • Image :
  • ldd